dimanche 3 août 2014

Un fou révolutionne l'OM

Après un exercice 2013/2014 assez poussif commencé avec le laxiste Elie Baup, habitué au coup d’éclat lors de ses premières saisons, et terminé avec l’enfant du quartier Anigo, l’OM a - encore - vécu une année mouvementée. Se sachant alors dos au mur, le président marseillais Vincent Labrune, tenait absolument à embaucher un entraîneur doté d’une très forte réputation, un mec qui mettrait tout le monde d’accord. Il a donc essayé de faire venir Villas Boas, mais le portugais a gentiment décliné l’offre de Labrune en lui faisant comprendre que les moyens financiers étaient beaucoup trop étroits pour mener correctement le projet proposé. Le détesté Labrune se tourne alors vers un autre coach à la réputation sulfureuse : Marcelo Bielsa. C'est donc lui l’heureux élu et signe alors dans le club phocéen après d’interminables négociations. Actuellement, l’argentin chambarde et met de l’ordre dans tout le club, ça fait drôle à Marseille. 


Retour sur des négociations sans fin, ou presque.
L’attente fut interminable pour les supporters marseillais depuis l’apparition de Bielsa et de son fidèle soldat Diego Reyes dans les stades de Ligue 1 pour superviser l’ennuyeuse formation gérée alors par le père Anigo. Signera? Signera pas? Le suspense est à son comble, tout Marseille retient son souffle et espère que “El Loco” débarquera sur la Canebière.
Mais voilà, Bielsa n’est pas un homme à qui on la fait à l’envers. Il demande donc un “temps de réflexion” à Labrune pour décortiquer au microscope les moindres détails du club. Le natif de Rosario passe absolument tout au peigne fin et ingurgite des millions de minutes de vidéo sur tout ce qu’il s’est procuré concernant les pros mais aussi les jeunes de l’équipe réserve et du centre de formation. 
Au bout de quelques semaines, le rondelet Marcelo décroche son téléphone et annonce à LaBurne (pardon, faute de frappe : Labrune) : “Es bueno, vengo” (C’est bon, je viens). LaBurne (décidément… : Labrune) est fou de joie, il hurle “gracias” à Bielsa qui raccroche aussitôt, il saute sur son canapé, se roule par terre, jette son iPhone et saute dans sa piscine tout vêtu de son costard Armani acheté la veille. Le brushing est entièrement à refaire, merde. Pas grave, car le président olympien sait pertinemment qu’il vient de réaliser le plus joli coup de sa jeune carrière.
Ce qu’il ne sait pas, c’est que les discussions pour faire signer Bielsa ne sont pas terminées, loin de là. En effet, le coach à lunettes est d’accord, mais à certaines conditions.
Les premières exigences sont contractuelles. Le futur entraîneur de l’OM désire que toutes les éventualités en cas de désaccord soient rédigées noir sur blanc et les dirigeants olympiens parleront même d’un contrat de 50 pages (en espagnol) pour chaque membre du staff. Le temps d’analyse et de traduction ralenti considérablement l’officialisation de sa prise de fonction.
Ensuite, Marcela Bielsa exige de Vincent Labrune plusieurs garanties : aménagement des structures du centre Robert Louis Dreyfus, achat de matériel High-Tech mais surtout les pleins pouvoirs dans le domaine sportif. Pour cela, le boss phocéen doit régler le cas Anigo qui est au bout du rouleau, suite au triste assassinat de son fils Adrien et aussi à cause de la désinvolture de certains de ses ex-ouailles qui ne lui accordent aucune crédibilité en tant que coach. Le dossier est donc facilement ficeler par Labrune et Anigo déménage au Maroc, il sera ainsi chargé de superviser et proposer des joueurs dans le Maghreb. 
Après de longues semaines de travail, tous les détails contractuels et hiérarchiques sont réglés et c’est donc le 27 mai 2014 que Bielsa signe à l’OM. L’attente était insoutenable pour les supporters marseillais, les plus pessimistes d’entre eux n’y croyaient même plus. C’était sans compter sur l’équipe du président de l’OM qui a œuvré d’arrache-pied pour décrocher la venue du coach argentin. Labrune peut enfin s’en griller une les pieds en croix sur son bureau pour décompresser tranquillement.



Le boss du sportif, c’est Bielsa.
Pour les connaisseurs, il n’était pas concevable que Bielsa travaille “en étroite collaboration” avec un directeur sportif juste au dessus de lui, impossible. Effectivement, il s’agissait d’une des nombreuses conditions imposées par l’ex technicien de Bilbao car il souhaite tout contrôler (des jeunes à l’effectif professionnel) et n’a pas besoin qu’on lui donne de conseils, il aime prendre ses responsabilités.
Et quand il les prend, ça saigne, c’est tranchant. Avant même d’avoir poser les pieds au centre d’entraînement de l’OM, Bielsa sait quels joueurs il compte garder, ceux qu’il souhaite dégager et les jeunes qu’il veut faire signer pro. C’est très net, El Loco ne fait pas dans la demie mesure et si certains ne sont pas contents de leur sort, c’est pareil. Les Bilel Omrani, Foued Kadir, Larry Azouni, Alexander N'Doumbou, Modou Sogou,  Rod Fanni et Florian Raspentino en ont fait les frais. Ce dernier pleurera même dans la presse avant de signer à Cean : "Je ne comprends pas du tout, on me juge sans me connaître, j'aurais au moins aimé être là pour la reprise...". Hey Flo, il a le droit de te trouver mauvais, pleure pas.
A l’inverse, certains jeunes du centre se sont vus proposés un contrat pro (Julien Fabri, Momar Bangoura, Baptiste Aloé, Maxime Lopez et Jérémie Porsan-Clemente) et un peu de temps de jeu pour l’inconnu Sparagna qui n’a pas démérité lors des matchs amicaux.
Le fou de Rosario tranche mais ne travaille pas seul, évidemment que non. En homme très intelligent qu’il est certainement, il est convaincu que sa réussite passe par un staff XXL et compétent qui tire dans le même sens, partage les mêmes convictions. Une autre condition négociée préalablement avec Labrune. Ainsi l’OM engage pas moins de 6 techniciens : Javier Torrente (entraîneur adjoint), Pablo Quiroga (entraîneur adjoint), Jan Van Winckel (préparateur physique), Diego Reyes (auxiliaire technique), Diego Torrente (auxiliaire technique) et Stéphane Cassard (entraîneur des gardiens) qui viennent s’ajouter aux deux survivants Franck Passi (entraîneur adjoint, qui sert aussi de traducteur) et Frédéric Faure (préparateur physique adjoint). Ce qui porte à 9 le nombre de personnes composant le staff technique phocéen (uniquement au niveau sportif professionnel), en comptant MB.
Un couteau bien aiguisé, un oeil vif et une armée de soldats, la méthode Bielsa se dessine progressivement dans le club de la bonne mère.



Aménagements structurels, Système Vidéo & changements des habitudes.
Prudent, Bielsa avait aussi exigé de Labrune avant la signature des aménagements importants au sein du centre RLD et la mise en place d’un système vidéo dernier cri. Quand Bielsa veut, Labrune fait. C’est ainsi que les terrains d’entraînement ont vu leurs dimensions être calquées sur celles du Vélodrome. Mais pourquoi personne n’y a pensé avant? Tellement bête mais plutôt évident pour l’argentin. De plus, un parcours de training a été créé afin de travailler autrement qu’au tour d’un terrain lors des séances physiques. 
Toujours côté structurel, l’OM a investi plus de 20000€ pour bâtir une salle vidéo entièrement équipée de matériel “high tech”. Impossible d’affirmer le contraire, “El loco” est un féru de vidéo et passe des heures et des heures pour visionner les séances d’entraînements de ses protégés, leurs matchs mais aussi leurs adversaires jusqu’à s’en éclater la rétine des yeux. Rappelez vous, il décortique tout pour laisser le moins de place possible à l’erreur et à la chance (ou malchance). Par exemple, Stéphane Cassard travaille avec des petites caméras qu’il fixe sur chaque but où se déroule les exercices afin d’analyser et décrypter le moindre appui de travers de l’un des portiers olympiens. Aussi, la bande à Gignac ont maintenant des devoirs à la maison : après chaque match une compilation individuelle de leurs bons enchaînements et les moins bons surtout, ceux qui méritent d’être vus afin de s’auto-corriger. 
Pointilleux jusqu’au bout des ongles, même les habitudes des joueurs ont été modifiées comme l’imposition des mises au vert lors des veilles de match et des petits déjeuners collectifs dans un seul but : maximiser le temps de vie du groupe afin de cimenter une très forte cohésion dans son effectif.
Autre point revu, la nutrition. Elle est scrupuleusement contrôlée à l’aide de spécialistes de l’alimentation. Les joueurs n’ont pas intérêt à se goinfrer de Big Mac en sortant de l’entraînement car ils sont pesés quasiment tous les jours, dur dur pour André Pierre.




Discrétion, Répétition, Action.
Si la presse attendait une conférence cinq étoiles avec tapis rouge pour la présentation de Marcelo Bielsa, elle peut toujours patienter. Adepte de la philosophie McCain “C’est ceux qui en parlent le moins qui en mangent le plus”, l’ex sélectionneur de l’Argentine ne veut pas être polluer par les médias, donc “next”, tout simplement.
Exceptées les caméras du club, aucun journaliste n’a eu le privilège d’assister à une séance d’entraînement car tout le monde doit rester concentrer sans aucun parasite externe. Même les deux recrues que sont Romain Alessandrini et Michy Batshuayi n’ont pas eu de présentation officielle, inutile selon Bielsa.
Lors de ses séances, ce perfectionniste n’hésite aucunement à claquer des exercices répétés pendant de très longues minutes jusqu’à obtenir une succession d’exécutions parfaitement réalisées. C’est ainsi que travaillent les moines shaolin dans leur temple afin de devenir des combattants hors pairs. Après des séances de travail physique bien chargées et d’incalculables répétitions d’enchaînements, les disciples de Bielsa proposent donc un jeu conquérant axé sur la récupération intensive et agressive pour étrangler son adversaire et le pousser dans ses retranchements. Autrement dit, il ne faut pas rechigner à l’effort, courir dans tous les sens et garder un peu de “peps” pour se projeter très vite vers l’avant en passant par les côtés ou en cherchant directement la profondeur. 
Transpirant à grosses gouttes sous son t-shirt bleu azur, Bielsa ne se prive pas de haranguer ses troupes, de les houspiller en hurlant sur eux comme un sourd ou de prendre des notes sur ce qu’il estime important. Présenté comme un homme “glacial”, il sait aussi encourager ses joueurs lorsqu’ils réalisent le travail demandé et prend parfois le temps de leur expliquer en détail ce qu’il attend d’eux sur un terrain.
Exigeant, perfectionniste mais humain tout de même.




Pour le moment, les coéquipiers du capitaine Steve Mandanda accrochent à la méthode et s’investissent corps et âmes dans cette lourde préparation physique, mais aussi mentale finalement. Et ça marche : 5 matchs amicaux, 1 nul à Bari et 4 succès dont le dernier en date contre le Chievo, 3 buts à 1. Les marseillais sont fringants et donnent envie.
L’accumulation de la fatigue et l’apparition des premières blessures (Mendes, Alessandrini, Lemina, …) ne joueront-elles pas de vilains tours au nouveau coach marseillais? Qu’en sera-t-il lorsque certains ne se sentiront plus concernés par le projet faute de temps de jeu suffisant? Les joueurs auront-ils les ressources nécessaires pour faire face à une mauvaise série de résultats après avoir autant donné lors de cette préparation estivale?
Peut-être que ça aussi Bielsa l’a prévu…
Seule certitude, les espoirs sont énormes du côté de la citée phocéenne. Même si l’OM s’est donné beaucoup de moyens pour réussir, la vérité reste celle du terrain et des résultats. 
Wait, and see.

1 commentaire:

  1. Impatient que la saison commence !
    Je le sens bien Bielsa !
    Parcontre c'est vraiment un fou, le mec prend 6-0 contre rosario, le lendemain il est pris en grippe à son domicile et il se permet de sortir de chez lui av une grenade à la main !!! Lol
    Complément fou !!
    Léal60

    RépondreSupprimer